Le passant pèlerin vers Saint-Jacques a laissé sur "le Chemin des étoiles" trace de son passage.
Il a marqué son itinéraire de constructions
pour faciliter sa marche : gués aménagés, ponts
pour soigner ses plaies, ses souffrances : hôpitaux
pour se protéger des dangers : dômeries, monastères.
pour affirmer sa foi en Dieu : croix, chapelles, oratoires.
pour honorer les reliques des saints : abbatiale, basilique.
Parfois les intentions étaient mêlées.
Que ce soit dans l'errance des grandes migrations, dans la violence des conquêtes, dans la pérégrination vers un lieu d'espérance, le cheminement de l'homme a le plus souvent suivi les courbes de la terre.
Les mêmes itinéraires ont été empruntés à travers le temps et l'histoire pour les déplacements des hommes.
On ne saurait s'étonner que les voies romaines soient devenues voies d'errance, choisies par les pèlerins .
Rome en revisitant les chemins celtes, y a ajouté ses prouesses techniques et la science de ses architectes-batisseurs
Depuis, sa trace habite les chemins de St Jacques.
En Languedoc-Roussillon, le chemin d'Arles est ponctué de ces édifices sacrés ou civils.
Trois lieux prestigieux :
*Arles
Arles était le passage imposé du Rhône. Arles capitale des Gaules au V° siècle bénéficiait aussi de la ferveur accordée à St Trophime, évangélisateur grec de la Provence au I° siècle,
qui au XII° siècle devint son saint patron.
*Saint-Gilles
Saint-Gilles,
cité médiévale, lieu de rencontre des fervents de l'art roman offre aux visiteurs la richesse
iconographique de sa somptueuse église abbatiale
*Saint Guilhem
Dans une vallée sauvage et isolée qui s'appelle Gellone, Guillaume fonde une abbaye, reconstruite au XI° siècle, elle est un des plus beau témoignage du premier art roman méridional (avec son décor de bandes lombardes). Elle deviendra prospère et de renommée. Autour, les maisons sont blotties comme pour se protéger de quelques risques réels ou secrets.
Cathédrale, basilique ou abbatiale, construites pour honorer les reliques des saints. Chacune a, en son temps, exprimé le génie des hommes à maîtriser l'art roman.
L'U.N.E.S.C.O. les a reconnues, les classant au patrimoine mondial de l'humanité.
Le pont du Diable, un des plus anciens ponts romans d'Europe y est associé.
Le passant/pèlerin découvre dans sa traversée du Languedoc un environnement nouveau, une agriculture différente de celui et de celle de ses lieux d'origine et de vie. Ici, en terre méditerranéenne, héritage des grecs, des étrusques, plus avant de la lointaine Asie le paysan travaille la vigne, que souvent l'olivier accompagne.
L'une et l'autre s'inscrivent dans une symbolique sacrée.
L'église catholique, à travers le fruit de la vigne, célébre le mystère de l'incarnation.
Jésus est entré à Jérusalem sur des branches d'olivier mêlées aux palmes et aux lauriers.
L'olivier arbre mythique a été souvent chanté par les poètes.
L'olivier
L'ami le plus ancien de l'homme
Il plonge dans la nuit de nos origines
Il nous nourrit.
Il mit de la clarté dans nos ténèbres.
Il nous offrit le rameau de la paix.
La chouette de Minerve nous appelle
dans ses rameaux.
Max Rouquette
La vigne
Après l'exubérance des camaïeux d'ocre, de rouge, de jaune-orangé de l'automne, aux premiers froids, la vigne perd ses couleurs. L'homme taille les sarments. Les ceps étalent alors la régularité de leur alignement sur une terre toujours colorée. Le printemps fera apparaître le vert tendre des feuilles qui lentement se déplissent au soleil. Le raisin, en lourdes grappes, mûrira, préparant ses saveurs futures.
Dès la plus haute antiquité, certains vins du L.R. étaient très appréciés dans le monde gréco-romain.
Un retour à la qualité, les place actuellement en concurence avec les très bons crus de France.
Saint Guilhem-le-Désert étape privilégiée sur le chemin d'Arles, recommandée aux pèlerins dès le douzième siècle par le "Le Guide du Pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle" du moine Aimerie Picaud, est né de la fondation de l'abbaye par Guillaume, comte de Toulouse.
Compagnon et cousin germain de Charlemagne, la légende le désigne sous le nom de Guillaume d'Orange. Las de la guerre, fatigué du pouvoir, il abandonne le monde, se consacre à Dieu et fait en 804, une importante donation au monastère de Gellone qu'il contribue ainsi à fonder.
Guillaume amène avec lui une relique morceau de la vraie croix du Christ, cadeau que lui fait Charlemagne qui lui-même la tenait du patriarche de Jérusalem.
Nous savons qu'au Moyen Age, pour des raisons diverses, les hommes étaient très attachés à la dévotion des reliques qu'ils recherchaient ardemment. Aussi la possession de ce fragment de la vraie Croix du Christ participe à la renommée du monastère, au point que des moines normands de passage, jaloux de cette renommée et des avantages qui y étaient associés, tentent de la voler.
Tous les ans , le premier dimanche du mois de mai, la fête de la Croix est célébrée à St Guilhem. A cette occasion des petits pains en forme de croix, sont bénis puis distribués à ceux et celles qui le souhaitent, en mémoire du pain offert par les moines, suivant la règle de St Benoit, aux pèlerins.
Guillaume était un valeureux guerrier et les prouesses, les faits d'armes de ce grand capitaine exalte l'imaginaire des hommes ; les troubadours en feront une chanson de Geste.
Les chansons du groupe de Guilhem sont au nombre de treize mais Guillaume/Guilhem est le principal personnage de six poèmes qui sont les plus beaux du cycle.
Oeuvre abondante de plus de 40 000 pieds, qui rivalise avec la Chanson de Geste de Roland.
Le Languedoc Roussillon est terre occitane ; il n'est pas étonnant de retrouver un Statut du Pèlerin rédigé en occitan, datant du XIII° siècle, conservé à la Bibliothèque de Nîmes.
La traduction de M. Lapijardière, archiviste du XIX° siècle, est disponible, ainsi que la suite des statuts, aux Archives Départementales du Gard (réf.BR. 1514)
"Au nom de Dieu et de Madame Sainte-Marie et du baron St Jacques que cette oeuvre soit bonne. Seigneur ici commence les ordonnances qui furent faites en vérité par les seigneurs confrères. Dieu était bien avec eux quand ils firent la première, car trois fois l'on doit se confesser et recevoir Dieu avec grande humanité. Chacun doit se trouver prêt à accomplir ce devoir à Noël, à Pâques, et puis à Pentecôte ou à la fête du baron St Jacques, s'il lui plait davantage. Que personne n'y manque sous peine de parjure.De même il fut ordonné par tous les confrères et confrèresses que tous ensemble devront manger dans la maison des seigneurs religieux, que les quatre seigneurs recteurs devront désigner ; et que tous les seigneurs religieux de la maison dans laquelle on mangera, devront avoir réfection tout ce jour, des biens de la dite confrérie...."